Ce périple à bord de cette voiture mythique sur plus de 6 000 kms reliant la France et le Maroc parcourant la route, les pistes et le désert nous avait convaincu. Mais plus encore que l’aventure c’est cette main tendue aux enfants du désert qui nous a séduites. Nous étions prêtes à nous envoler à bord de notre 4L pour cette expérience unique.
Mercredi 12 Février 2014
Après une très courte nuit due aux dernières vérifications, nous prenons la route à 10 heures direction Poitiers pendant près de cinq heures de route, 4L oblige, afin de rejoindre le point de départ, le Futuroscope sous la pluie. Nous profitons de cette dernière journée pour faire les derniers achats et se reposer.
Jeudi 13 février 2014
Réveil et dernières vérifications du moteur en famille, avant de se rendre sur le parking du Futuroscope où tout commence.
Dès l’arrivée nous passons le contrôle technique sans aucun encombre et arborons fièrement le numéro 631, la 4L ACHOT n’est plus qu’à un pneu du désert marocain !
Nous découvrons les autres 4L et trophystes sur le parking dans le froid et la pluie. Mais même si le temps n’est pas idéal cela ne nous empêche pas d’apprécier le moment, car l’esprit du Trophy et d’ores et déjà là !
L’organisation nous permet de partir plus tôt, car la météo n’est pas clémente, il y a un fort vent sur Poitiers.
Nous n’attendions que ça, partir, nous voici donc, à bord de notre fidèle voiture, en route pour une aventure hors du commun qui nous fera découvrir l’Espagne mais bien sûr le Maroc.
Vendredi 14 Février
Après une arrivée tardive à Valladolid dans la nuit, nous voici reparties sur les routes espagnoles afin de rejoindre le point de ralliement : Algésiras. Jusqu’à présent le voyage s’était passé sans encombre, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais c’était sans compter sur les péripéties 4listiques !
Quelle ne fut pas notre surprise lorsque sans crier garde notre chère … nous fit faire une pause impromptue sur le bord de l’autoroute. N’écoutant que le bien de notre 4L nous sortîmes en toute hâte voire ce qu’il pouvait se passer sous le moteur bravant les intempéries. Rien ne nous permettait de comprendre pourquoi elle avait eu envie tout à coup de se stopper net en pleine course. C’est alors que comme magie du Trophy nous nous retrouvâmes à quatre équipages sur la bande d’arrêt d’urgence. Nous venions de découvrir l’esprit du Trophy. Après cet arrêt forcé, notre voiture repart ! Nous n’avons jamais compris son caprice !
Samedi 15 Février
Nous voici donc arrivées toutes les trois à Algésiras aux alentours de minuit après nous être perdues dans la région et arrêtées par la police locale, qui ne voulait en fait que nous remettre sur le bon chemin !
Après un réveil difficile, où nous n’avions pas encore pris conscience que cette nuit allait être la plus confortable avant quelques temps, nous rejoignons donc le lieu de ralliement pour 13h.
A ce moment là nous
comprenons l’ampleur de l’évènement. Plus de 2500 participants sont réunis au briefing général où
Jean-Jacques nous donne les derniers conseils. Et comme il l’a si bien dit
« C’est notre 4L Trophy » !
En attendant notre
bateau de quatre heures du matin nous profitons pour se restaurer dans un
célèbre fast-food. Apparemment nous ne sommes pas les seules à avoir eu cette
idée, beaucoup de nos compagnons de route sont là. Se ravitailler et bien sûr
se reposer en faisant une petite sieste sur le parking du centre commercial de
la région. Dans l’attente du bateau beaucoup
de Trophystes déplient leurs tentes dans
la joie et l’excitation.
Dimanche 16 Février
Après deux heures de sommeil nous remballons nos affaires pour aller prendre le bateau de 4h du matin. Direction donc le port d’Algésiras dans la nuit pour traverser la Méditerranée et arriver à Tanger. Après les formalités administratives nous regardons l’arrivée à Tanger sur le pont du bateau avec le lever de soleil en arrière plan. Mais pas le temps d’admirer le paysage d’avantage car le moment est venu de regagner nos 4L et fouler le sol marocain. Les dernières recommandations de l’organisation données, nous voici lancées en direction de Boulajoul.
Le premier bivouac nous attend. Sur la route nous faisons une halte à Meknès pour se ravitailler en essence. Garées dans une rue nous croisons un père et de ses deux filles, expliquons notre voyage. Séduit par l’idée, cet homme directeur commercial d’une compagnie de source minérale nous propose de nous ravitailler gratuitement en eau partout dans le Maroc !
Après cette
merveilleuse rencontre nous reprenons la route où nous voyons charrettes et autres
rencontre improbables sur le trajet.
Puis arrive le
dépaysement total, nous franchissons les forêts de cèdre d’Ifrane puis place
aux montagnes enneigées où l’on peut croiser
des loueurs de luges ! Les paysages de montagne sont magnifiques.
Enfin voici le bivouac de Boulajoul dressé sur un immense plateau montagneux. Après cette première étape longue de 521 kms nous nous reposons au coin d’un feu car la nuit est très froide, avant d’aller se coucher.
Lundi 17 Février
Réveil revigorant le matin sous un ciel gris pour aller en direction du prochain bivouac de Merzouga. Une étape assez longue nous attend aussi aujourd’hui mais surtout découvrir les joies de nos premiers bacs à sable… Face à ces bacs à sable on est à la fois excitées bien-sûr on a hâte de franchir ce cap est bien réel, mais aussi et surtout perplexes, comment va-t-on bien pouvoir le passer ? Car ce que l’on découvre en premier est une nuée de 4L attendant de pouvoir passer et de nombreuses voitures déjà enlisées.
Démarre alors une phase stratégique. Nous comprenons de suite qu’il faut prendre son temps avant de passer lesdits bacs à sable, descendre de sa 4L, essayer de monter sur le point le plus haut des alentours et regarder là où les autres trophystes se sont ensablés éviter ces endroits et repérer le trajet idéal. Ces précautions pratiques, nous permettent de passer haut la main le piège redoutable du bas à sable. Mais ce que ne nous savions pas c’est que cette journée n’était qu’un entrainement face à ce qui allait nous arriver par la suite...
Une fois les premières péripéties du désert passées nous arrivons au bivouac de Merzouga installé entre les dunes. Nous voici donc en train de passer les arches du 4L Trophy pour arriver au centre du campement afin de concrétiser le projet de toute une année : la remise de dons. Coffre ouvert, nous déchargeons les fournitures amenées avec nous comme tous les participants. Quel amoncellement de cartables, d’affaires scolaires et sportives.
Des dizaines de personnes œuvrant pour les enfants et l’association Enfants du désert.
Là nous comprenons que le 4L Trophy est le plus grand exemple de solidarité auquel nous avons pu participer. Viennent après les remerciements de la présidente de l’association et des enfants. Après ce moment fort nous cherchons une petite place pour camper et garer notre brave petite 4L avant d’avoir un repos bien mérité.
Mardi 18 Février
Ca y est, ce matin on y est vraiment. En remballant la tente nous savons que les participants vont être scindés en deux groupes. Pour nous ce sera la boucle 1, la plus longue mais aussi la plus sportive. Nous voici donc lancées vers 9h du matin à la rencontre de l’Erg Chebib et surtout parfaire nos connaissances des bacs à sable… Nous qui croyions avoir connu et maitriser sans encombre ces pièges à enlisement, nous n’avions en réalité rien connu. Parties toutes roues devant et à pleine vitesse, c'est-à-dire environ 50km/h, nous suivons le flot de 4L nous précédant. Cette idée qui nous semblait plutôt bonne à la base s’avéra rapidement assez mauvaise. Formant tous ensemble une file longue d’environ 100 voitures, on se retrouva très vite arrêté en train de tous se poser la même question « On en est où dans le road book ?? ». N’écoutant que son courage la première 4L s’élança, les suivantes n’écoutant aussi que le leur, prirent la même direction. Nous voici tous embarqués à gravir une dune qu’il a bien fallu redescendre car nous faisions tous erreur de route ! L’organisation est venue à notre secours et nous ramener vers le bon cap.
On croyait avoir eu pour la journée notre dose d’aventure mais c’était sans compter sur les surprises réservées par l’organisation du 4L. Après quelques kilomètres de piste nous voici arrivées au pied d’une petite palmeraie. La première chose qui nous vient à l’esprit est que cet endroit est vraiment magnifique. Mais passé cet émerveillement nous nous rendons compte de la réalité. Des dizaines de voitures sont ensablées jusqu’au pare-choc. Encore et toujours les bacs à sable. Prenant notre temps pour voir quel chemin serait le plus avantageux, nous nous élançons et passons avec succès le premier obstacle. En sortant de la voiture pour de nouveau étudier la situation nous parlons avec les uns pour discuter des meilleurs passages, et aidons d’autres voitures à se désensabler. C’est à ce moment là que l’on réalise que la compétition entre participants n’existe pas. Nous sommes tous là pour nous aider les uns les autres, ce qui est sans conteste l’un des plus beaux aspects du trophy. Une fois passées ces épreuves dans la joie et la bonne humeur, nous rentrons avec la sensation d’être exténuées mais à la fois excitées et émerveillées par la journée qui vient de se passer.
Mercredi 19 Février
Départ ce matin pour la deuxième boucle de ce parcours de Merzouga avec le soleil en prime qui nous avait manqué un peu jusque là. Cette épreuve va laisser place à la piste, aux grandes étendues rocailleuses au milieu des dunes et ses paysages magnifiques.
Plus courte que celle de la veille, elle n’en est pas moins dure car c’est ici qu’il faut faire preuve d’un bon sens de l’orientation. Plusieurs fois nous nous sommes arrêtées pour discuter du chemin à prendre avec d’autres trophystes. Nous nous surprenons même à remonter la route avec une file de 4L roulant en sens inverse et nous indiquant leur direction. Effectivement nous n’avions pas tourné à gauche au deuxième panneau jaune.
13h nous avons fini cette boucle. Nous nous retrouvons avec nos amis trophystes pour un déjeuner bien mérité au restaurant se trouvant à côté du bivouac où nous pouvons déguster nos tajines. Nos profitons aussi de l’après midi pour nous reposer et profiter du paysage. De retour au bivouac au coucher du soleil, nous nous installons tranquillement avant d’aller assister au live et de profiter de notre dernier bivouac avant de commencer le lendemain matin : l’étape marathon.
Jeudi 20 Février
Réveil nostalgique avec les autres participants car nous savons que nous allons entamer l’étape la plus spectaculaire du Trophy, malheureusement elle sonne aussi la fin de notre aventure.
Mais pas le temps de s’apitoyer le marathon nous attend. Après le dernier brossage de dents fait en compagnie des autres trophystes et des chameaux ainsi que du dernier petit déjeuner nous nous élançons vers l’aventure, la vraie. Cette étape est en quelque sorte « un pot pourri » de tous ce que l’on a pu rencontrer jusqu’à présent bac sable, erreur d’itinéraire et les pistes.
C’est d’ailleurs en plein milieu d’un plateau rocailleux entouré de montagne et ne laissant rien entrevoir à l’horizon que les pilotes d’une 4L bleue nous font de grands signes.
La 4L de nos camarades est crevée, ils ont besoin d’une roue de secours. C’est ainsi alors que nous ne savions pas comment finir cette étape, (on était presque sur la réserve) que nous échangeâmes une de nos roue de secours contre de l’essence.
Après quelques frayeurs l’organisation regroupe une soixantaine de voiture afin que nous puissions bivouaquer tous ensemble avant que la nuit ne tombe. C’est alors que nous rencontrons de manière tout aussi impromptue que la première fois, les propriétaires de la 4L bleue avec qui nous passons la soirée sous les étoiles. Cependant nous allons nous coucher assez tôt car demain nous attends certainement l’étape la plus dure pour rejoindre Marrakech.
Vendredi 21 Février
Réveillées à 6h dans le cadre le plus magique depuis le début de l’aventure nous replions la tente pour partir vers Zagora, première étape avant Marrakech sous le lever du soleil.
Nous découvrons alors pour la dernière fois ce désert embué dans le petit matin avant d’aller passer l’arche de cette étape marathon.
Après ce cadre désertique passé nous attaquons la route. Ce moment est assez déroutant, nous passons par des palmeraies verdoyantes alors que le matin même nous étions dans un endroit aride.
Nous profitons d’une auberge pour déjeuner dans un restaurant avec un cadre magnifique. Puis arrive la montée du col du Tichka situé entre Ouarzazate et Marrakech. Ce passage est réputé dangereux et c’est le cas, avec ses virages très serrés et ses 2200m d’altitude. Etape est très impressionnante.
Enfin voici les derniers kilomètres qui nous séparent de la ligne d’arrivée à Marrakech, nous la passons avec émotion et nostalgie. Nous nous rendons ensuite au point d’arrivé où en échange de notre roadbook nous recevons les clés de notre hôtel, enfin nous allons pouvoir prendre une douche ! Une fois reposée et restaurée nous allons avec nos amis trophystes profiter de l’ambiance de Marrakech qui est sans aucun doute plus animée que celle du désert.
Samedi 22 Février
Aujourd’hui est une journée libre pour tous les participants. C’est donc l’occasion d’aller se balader dans la médina pour rapporter les souvenirs et profiter d’un moment de détente. Mais nous n’avons pas le temps de trop trainer car à 18h commence la soirée de clôture du 4L Trophy 2014.
En route pour le lieu de réception aux allures de bivouac nous prenons désormais conscience de la fin de cette aventure. Décidemment cette expérience sera passée aussi vite qu’une 4L en plein désert ! Arrive ensuite la traditionnelle remise des prix, bien que n’étant pas sur le podium nous avons conscience que ce soir nous sommes tous gagnants. Après une année de préparation, de galères, 6000kms et presque autant de joies nous concluons cette aventure parfaitement en compagnie des autres trophystes avec qui nous formons désormais une vraie famille.
Dimanche 23 Février
Après cette arrivée bien fêtée nous nous réveillons tranquillement le lendemain matin. Enfin tranquillement jusqu’à ce que l’on se rende compte de l’heure, nous venions en effet de nous réveiller à l’heure prévue du départ, l’aventure n’est pas encore finie !
Jetant sans trop regarder nos affaires dans nos sacs, nous nous empressons de regagner notre chère 4L, afin d’aller prendre la route qui nous mènera au bateau prévu à 18h.
Arrivées à Tanger à l’heure nous nous retrouvons pour la dernière fois entourées de plusieurs centaines de 4L avec en arrière plan le coucher de soleil sur la mer. Mais voici l’heure pour nous tous de monter dans le bateau qui nous ramènera sur le continent européen et sonnera la fin de cette aventure exceptionnelle.
Cette aventure une fois vécue ne peut nous apparaitre qu’exceptionnelle. Le mélange de culture, les échanges, les rencontres, la solidarité et l’entraide sont autant de chose qui rendent le 4L Trophy extraordinaire. Cette épopée est difficile à imaginer et encore aujourd’hui lorsque l’on nous demande « Alors c’était ? » il est difficile d’expliquer ce qu’était réellement le Trophy. Pour vraiment le comprendre, il faut le vivre !
